« Et toi, que dis-tu ? »
Nous voici au Temple, de bon matin dit l’Évangile, au sortir de la nuit, des ténèbres, à l’heure où Pierre pleurera son péché, à l’heure où, à Pâques les saintes femmes découvriront que la pierre a été roulée … C’est donc l’heure de la miséricorde, du jour nouveau ; « Voici que je fais toutes choses nouvelles » annonçait Dieu dans le livre d’Isaïe (1° lecture).
Dans ce Temple, comme bien souvent il s’assoit et enseigne ; et son enseignement, sans doute sur la miséricorde, se fait acte ; une scène dramatique, de lapidation, au cœur du Temple, se dessine devant lui … Dans la lumière crue du matin, dans la beauté du Temple, tout risque d’aller vite ; une femme a été prise en flagrant délit d’adultère … Elle est condamnée à être lapidée. Et Jésus avec elle, selon ce qu’il dit …
Il manque l’homme avec qui elle a commis cet adultère ; en fait, il est présent : dans le cœur de ces hommes qui accusent …
Un cercle d’accusateurs, des hommes de lois, impossible de s’échapper.
Des hommes qui ont la loi avec eux, pour eux, qui mettent la main sur la loi, qui veulent se servir de cette loi pour condamner, tuer …
Une loi dont ils se servent pour justifier la mort, une loi pour accuser …
Une loi pour se montrer fort, puissant, sage …
Une loi pour condamner une femme, mais aussi un homme, le Christ …
Ces hommes de lois, Jésus le sait : ils commettent avec cette loi une forme d’adultère ; en mettant la main sur la loi, en s’en servant pour condamner, écraser et faire un faux-procès à Jésus pour le condamner, ils sont adultères. Ils font de la loi une idole, un prétexte à leur service et non au service de la vie. Ils ne se laissent pas interroger par elle. Ils posent une question :
« Et toi, que dis-tu ? » : la question résonne dans l’immensité du Temple ...
Mais Jésus écrit sur le sable … Innocent, fragile au milieu de ces hommes, il prend le risque d’être lapidé ... Il le sera bientôt, non pas lapidé puisque ce n’est pas autorisé par la loi romaine en vigueur, mais mis en croix par ces mêmes hommes … Pour sauver cette femme qui ressemble au fils cadet de la parabole du fils prodigue. Mais aussi pour sauver ces hommes, ces fils aînés …
« Et toi que dis-tu ? » …
Seigneur, donne-moi un cœur qui écoute ce que tu as à me dire … Et non plus un cœur adultère qui sait tout …
Père Patrice Guerre, curé de Sainte-Anne des Calades
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