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Edito du 28 septembre !

L’enfer c’est la négation des autres …

La parabole de l’homme riche et de Lazare nous fait comprendre l’enfer comme ces zones de nos vies où nous nous suffisons à nous-mêmes. L’enfer n’est pas les autres mais la négation des autres.

Ces autres, dans ce passage de l’Évangile de Saint Luc ont une double fonction : il y a d’une part Moïse et les prophètes qui nous placent dans un héritage, une continuité ; ils nous dispensent de la prétention à tout inventer et comprendre par nous-mêmes. Nous sommes invités à les écouter. La parabole ne nous dit pas d’abord de faire mais d’être à l’écoute, à l’écoute de notre cœur profond, à l’écoute de Dieu qui y habite. Prenons-nous ce temps de l’écoute, de la disponibilité ?

Il y a d’autre part des pauvres comme Lazare ; ceux-là nous interpellent aujourd’hui, dans le concret de nos vies. D’ailleurs l’homme riche comprend (enfin !) cela en enfer puisqu’il demande à Abraham que Lazare puisse apporter son témoignage à ses frères ; ce qui établit le pauvre comme celui qui aide.

Est-ce que nous comprenons que les « Lazare » que nous rencontrons sont là pour nous aider ? Alors que bien souvent nous nous situons en surplomb en pensant devoir faire pour eux …

Ces « Lazare » ce sont ceux qui manquent d’argent certes, mais aussi ceux qui n’ont pas d’amis, pas d’enfant, pas d’amour, pas de travail, pas de santé, pas de liberté, pas d’avenir, pas d’espérance, pas de sens … Ceux qui n’ont pas Dieu. Ils ressemblent au fond à chacun d’entre nous.

Les pauvres « testent » la non-étanchéité de nos vies : quelque chose passe-t-il encore entre nous et le monde ? Nos habits de pourpre et de lin fin ne sont-ils pas nos peurs et nos sécurisations à outrance … ?

L’enfer c’est assurément n’être « que » ce que je suis. Cela peut commencer aujourd’hui et se figer dans l’éternité ; l’homme riche a commencé sa vie en vase clos ; il la termine ainsi.

Notre valeur n’a rien d’intrinsèque … Elle se déploie dans la jonction, dans le lien, dans la communion qui nous relie au monde, aux autres, au Tout Autre …

En ce dimanche de rentrée paroissiale, redisons « oui » à notre vocation à la communion avec Dieu et avec nos frères, avec tous les hommes et les femmes de cette terre : là se trouve le sens profond de chacune de nos Eucharisties !

Ne me laisse pas, mon Dieu, n’être que ce que je suis

Ne me laisse pas me contenter de moi-même

Ne me laisse pas me perdre dans mon seul reflet

Ne me laisse pas mariner dans l’enfer de l’auto-suffisance

Fissure ma vie, mon Dieu, mets-moi hors de moi afin de défaire l’ouvrage étanche dont je croyais me protéger, afin que je grandisse au gré des interpellations et que ma vie suive ce à quoi tu veux m’appeler

Réveille-moi !

Père Patrice Guerre, curé de la paroisse Sainte-Anne des Calades

                                                                       06 80 32 75 74 /p.guerre@lyon.catholique.fr

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